Suite à mes mésaventures de déménagement, j’ai quitté la Caroline du Nord pour aller m’installer à Boston avec mon mari, du moins la moitié de l’année où je ne serai pas à Toulouse à travailler sur les nombreux projets de Deer&Doe. Les conséquences se sont vite faites sentir : au-revoir le climat chaud de l’été indien carolinien, à Boston on se les pèle ! Ce qui m’a tout de suite donné envie de me coudre une chemise en flanelle bien cosy dans laquelle m’emmitoufler.
Cette chemise personnifie complètement Boston pour moi : j’ai acheté le patron lors de ma toute première visite, chez Grey’s Fabric and Notions à l’époque où ce magasin existait encore. Deux ans plus tard, j’ai acheté les boutons pour la finir chez Mercer’s Fabric, le magasin qui l’a remplacé, lorsque j’ai déménagé à Boston pour de bon. Le tissu n’est pas vraiment de Boston, mais je l’ai acheté chez Hancock Fabrics, et euh il y avait John Hancock qui était connu et qui lui venait de Boston donc peut-être que ça compte aussi ? Oui bon non. Dans tous les cas maintenant que je suis de retour en France pour plusieurs mois et que je galère un peu à me réajuster, je suis bien contente d’avoir cette chemise comme doudou pour me rappeler où est mon chez-moi.
J’avais déjà plusieurs patrons de chemises « tried-and-true » : chez Deer&Doe, la Bruyère, que j’ai déjà cousue pour moi en coton, en flanelle, et en version crop top, et la Mélilot dont j’ai déjà réalisée quatre versions si on compte celles cousues pour la boutique (et avec les deux Bruyères de la boutique en plus ça commence à faire pas mal de chemises !). J’ai aussi toujours sous la main ce chemisier Burda bien rétro dont j’avais cousu une version pour ma grand-mère et que j’ai hâte de coudre à nouveau. Pour cette fois-ci, j’avais envie de changer et de partir sur quelque chose de beaucoup plus classique et droit au niveau de la forme. Je n’ai pas fait dans l’originalité : il s’agit de la chemise Archer de Grainline Studio, la référence des patrons de chemises en flanelle dans la blogosphère couture.
Contrairement aux patrons précédemment mentionnés, Archer est dépourvue de pinces poitrines. Le fit est donc beaucoup plus « boxy », ce qui pour une chemise en flanelle très décontractée n’est pas dérangeant. Les côtés ont une très légère courbe, mais dans l’ensemble elle est vraiment très droite. Comme c’était ma première expérience avec les patrons Grainline Studio, j’ai suivi ma mesure de buste et coupé une taille 8 sans aucune modification. Le fit est bien loose, peut-être un peu trop ? Les épaules sont légèrement tombantes et je ne sais pas trop si c’est fait exprès.
Je me suis fait plaisir sur les raccords des carreaux au niveau des côtés et du devant, ainsi que sur le col et le pied de col. Mon truc pour les raccords c’est de tout couper en simple épaisseur, surtout avec de la flanelle qui se déforme très facilement. Pour chaque pièce je prends d’abord le temps de bien étaler mon tissu et de le tirer pour que les lignes de droit-fil et les lignes transversales soient bien perpendiculaires sur toute la surface. Quand je dois couper une pièce en double, je pose la première pièce envers contre envers sur le tissu et j’aligne tous les bords par rapport aux carreaux, pour être sûre d’avoir des pièces bien identiques. Evidemment cela prend beaucoup plus de temps, mais je trouve que le jeu en vaut la chandelle.
J’ai aussi coupé l’empiècement dos, la bande de boutonnage, les poignets de manches et la poche dans le biais (je n’ai mis qu’une seule poche car je trouvais ça trop chargé avec deux). Sur ce tissu, j’ai eu une petite difficulté supplémentaire : les rayures horizontales et verticales ne sont pas exactement de la même largeur. En regardant bien les photos, on peut voir que les rectangles noirs sont légèrement plus hauts qu’ils ne sont larges. Pour les pièces coupées en biais, j’ai donc fait bien attention à tout couper « dans le même biais » : on peut voir par exemple sur la bande de boutonnage et la poche que la hauteur des rectangles est toujours sur la diagonale haut-droite / bas-gauche. Il y a juste le bracelet de manche gauche (à droite sur la photo) qui est dans l’autre sens car j’ai voulu que les deux bracelets soient symétriques, et au vu des photos maintenant je regrette de ne pas l’avoir coupé dans le même sens. Oui oui, je me doute bien qu’il n’y a que moi qui remarque ces choses là 😉
Pour en revenir au patron, les explications sont trèèèèès détaillées. Avec le sew-along en plus sur le blog de Grainline, on est vraiment pris par la main. Attention cependant si vous êtes habitué aux patrons avec marges de couture incluses : elles sont ici de 1/2″ (1,27 cm) au lieu des 5/8″ (1,59 cm) classiques chez les indés / Big 4. J’ai bien aimé le fait que le livret comprenne un plan de coupe pour l’entoilage, même si j’ai relevé deux petites erreurs : il manque le label indiquant qu’il s’agit justement du plan de coupe de l’entoilage, et il est montré sur le tissu plié en deux alors que les pièces n’ont besoin d’être coupées que dans une seule épaisseur.
Au niveau de la construction, j’ai beaucoup aimé la technique de montage de l’empiècement dite « du burrito », qui n’est pas expliquée dans le livret mais est montrée en vidéo dans le sew-along. Par contre j’ai vraiment détesté la technique de montage du col ! C’est la première fois que j’étais confrontée à ce type de construction : les extrémités du pied de col sont retournées et piquées sur l’envers, en prenant la patte de boutonnage en sandwich – c’est assez clair en vidéo. En comptant la patte de boutonnage et tous les surplus, on se retrouve du côté droit avec sept épaisseurs de tissu, plus deux couches d’entoilage, le tout formant une sorte de petit boudin juste à côté de la ligne de couture : pas évident d’obtenir une finition propre dans ces conditions !! Même sur les photos du sew-along on peut voir un pli au niveau de la jonction de la patte de boutonnage et du pied de col sur le bord extérieur, de chaque côté de la chemise. Après avoir réessayé plusieurs fois, j’ai fini par replier les surplus et coudre l’intérieur du pied de col à la main avec ma méthode habituelle. Je ne vois pas pourquoi se compliquer la vie juste pour éviter de faire 4 cm de couture à la main, surtout que les instructions demandent ensuite de finir à la main le reste de la couture, puis de surpiquer le tout !
Un autre point dont je ne suis pas fan, mais qui est plutôt une question de goût, c’est que les pattes de boutonnage sont asymétriques : une patte de boutonnage rapportée du côté droit, et sur la gauche une bande de boutonnage à même, dans la continuité du devant. C’est un détail apparemment classique, que j’ai vu sur de nombreuses chemises du commerce et qui est très joli lorsque la chemise est portée boutonnée jusqu’au cou, mais je trouve ça vraiment moins élégant lorsque la chemise est ouverte. Avec la patte de boutonnage rapportée coupée dans le biais, je trouve le rendu assez déséquilibré quand les boutons sont défaits.
Ceci-dit, les pièces s’assemblent au millimètre près et le patron est très agréable à assembler. Je n’ai pas eu besoin de soutenir les manches, par exemple : quelques épingles bien réparties ont suffi. J’ai simplement eu un souci au niveau des poignets de manches, qui était légèrement trop grands. J’ai l’impression qu’ils auraient été à la bonne taille si je n’avais pas replié la partie avant de la patte de manche sur l’intérieur comme indiqué. Je n’ai vu ce souci mentionné nulle part, donc c’est peut-être un problème de mon côté… Par contre la forme des bracelets est très cool !
Allez encore un dernier point qui me chagrine : le placement des boutons ! Au moment de coudre les boutonnières j’ai été prise d’un doute, et j’ai hésité à tout décaler pour avoir un bouton pile au niveau du buste. Finalement j’ai décidé de faire confiance au patron et de faire les boutonnières aux emplacements prévus. Comme je regrette ! Vu qu’il n’y a pas de bouton au niveau de l’apex, la chemise baille énormément entre les deux boutons du buste (je le savais pourtant que ça allait faire ça, rhaaaa). Je trouve aussi qu’elle serait plus flatteuse si le deuxième bouton était plus bas, ou que le troisième bouton était plus haut, enfin bref pour que le décolleté soit plus prononcé quand le haut de la chemise est déboutonné. Là c’est un entre-deux que je n’aime pas trop.
Maintenant que je regarde les photos de la chemise finie, je ne sais pas trop quoi en penser. Clairement, ce n’est pas la chemise la plus flatteuse que je possède, si je la compare avec Bruyère par exemple. Il y a certaines choses qui sont plutôt des soucis de fit : cette Archer est un peu courte, je pourrais aussi descendre d’une taille au niveau des épaules, ou encore décaler les boutons pour que le décolleté soit légèrement plus profond quand la chemise est portée un peu ouverte. D’un autre côté il y a aussi des raisons intrinsèques au patron : pas de pinces poitrine, des côtés très droits et des manches bien larges font que cette chemise est difficilement comparable avec un modèle plus ajusté.
En même temps quand j’y réfléchis, les vêtements que je porte le plus ne sont pas forcément les plus flatteurs, mais plutôt ceux qui sont le plus confortables. A voir donc si cette chemise passe l’épreuve du feu : elle est vraiment très cosy et douce donc je pense que je vais bien aimer traîner dedans cet automne. Par contre je pense la porter ouverte au dessus d’un t-shirt noir, plutôt que boutonnée comme ça.
J’avais prévu du tissu pour une deuxième, mais je vais attendre un peu de voir si je porte celle-ci pour décider de coudre encore une Archer, ou de partir plutôt sur un patron de chemise plus cintré. Le tissu que j’ai de côté est une super flanelle à carreaux verts et violets, achetée également chez Grey’s Fabric and Notions il y a deux ans. J’ai d’ailleurs une question à ce propos : cette flanelle n’est brossée que d’un côté, c’est à dire que j’ai un côté qui est tout doux et d’aspect un peu duveteux, et un autre côté moins doux et bien lisse, qui ressemble plus à un coton à chemise classique. Quel côté mettriez-vous à l’extérieur ? J’ai bien envie de garder le côté brossé pour l’intérieur, mais je trouve qu’on perd un peu le style de la chemise en flanelle, alors j’hésite…
Chemise Boston
Archer – Grainline Studio
Taille 8
Flanelle de coton Buffalo plaid de Hancock Fabrics
Oh là là, voir de beaux raccords comme ça, forcément ça énerve !
Bravo pour cette chemise, elle est au top !
Merci ! 🙂
Au niveau du fit, les épaules un peu tombantes ne me dérangent pas, par contre effectivement je la trouve un peu courte… Enfin, selon moi, elle devrait être soit plus longue avec ces épaules-ci, soit courte comme ça mais avec des épaules non tombantes et alors aussi des manches un peu moins amples.
Mais je suis certaine que, portée ouverte sur un T-shirt, elle sera bien sympa!
Et merci pour ce compte-rendu détaillé du patron!
Oui je suis tout à fait d’accord avec toi ! Sur une chemise plus ajustée aux épaules la longueur me gênerait moins, mais comme ça je trouve que ça ne colle pas avec le côté « oversize ». Portée ouverte je l’aime bien, et puis si je m’en lasse ma soeur qui est plus petite que moi me la réclame depuis que je l’ai finie ^^
J’aime bien ta chemise Boston! Moi, j’aime le fit chez toi exactement comme ça. Elle pourrait être un peu plus longue. Moi, j’ai fait deux Archers version B et je les porte assez souvent. J’ai pourtant pris quelques centimètres aux niveau de la taille selon le patron Meisse de Papercut Patterns et moi j’ai bien aimé la manière de coudre le pied de col. Je l’ais compris seulment après avoire vu le video, mais J’aime comment on peut couper les surplus pour obtenir un pied sans grosses marges de couture. Merci pour tes éxplications si élaborées!
Je suis allée voir sur ton blog, tes Archers sont superbes en Tana Lawn ! Ca doit être très agréable à coudre dans ce tissu 😀
Très jolie chemise qui te va bien. Elle est certes différente de la bruyère, c’est un autre style. J’aime beaucoup le tissu que tu as choisi. Bravo pour les raccords ! Elle est magnifique. Merci pour toutes ces explications ! Concernant ta question, je mettrais le côté brossé à l’intérieur. Après plusieurs lavages, le rendu restera plus propre.
Merci beaucoup ! Et c’est un très bon point pour le tissu, je pense que je vais faire comme ça 🙂
Magnifique ! Si tu la trouves trop courte, tu peux toujours la donner à quelqu’un de plus petit que toi…ah ah
Bien essayé !! 😉
Ah mais je me souviens de l’escapade pendant IVA chez Grey’s Fabric, j’avais adoré un super tissu avec des girafes !!! Elle s’est faite attendre cette chemise… La boucle est bouclée (faut que je vienne fêter ça !!!). Félicitations pour ce magnifique travail, elle te va très bien.
Merci !! Oui c’était trop bien, et on était allées dans un super café ensuite mais je n’ai jamais réussi à le retrouver 🙁
Et sinon c’est quand tu veux 😉 Je te fais signe quand je passe sur Paris !
Coucou Camille, jolie chemise !! Je suis tout à fait d’accord avec toi sur le placement des boutons qui ne convient pas. J’ai cousu une mini pression invisible sur l’intérieur de ma patte entre ces deux fameux boutons. Sinon, indécence obligée ! Et sinon, je voulais te dire que je suis absolument archi méga fan de ta Bruyère en flanelle. Je l’adore. Je cherche désespérément un tissu similaire pour te copier éhontément. Je fais chou blanc pour le moment mais je ne désespère pas ! Bises
Ah pas mal l’idée de la pression, je note pour la prochaine fois que je me plante (celle-ci comme je la porte surtout ouverte sur autre chose ça passe…).
Merci beaucoup pour la Bruyère en flanelle 😀 J’avais trouvé le tissu chez Jo-Ann (une chaine américaine) et je ne crois pas qu’ils livrent à l’international, mais sinon je te recommande les flanelles Mammoth de Robert Kaufman (dont celle-ci en gris qui ressemble un peu à mon tissu), je viens d’en acheter et la qualité est au top, je pense que tu dois pouvoir en trouver en France 🙂
Bonjour Camille,
J’aime beaucoup ta façon de présenter ce patron. Je commence une chemise granville en flanelle à carreaux et je me demandais ce que tu avais utilisé comme entoilage ?
Merci ! J’ai utilisé un entoilage très fin et souple, l’équivalent de la Vlieseline G785 je dirais. D’habitude j’utilise de l’entoilage un peu plus épais mais j’avais ça sous la main et le rendu n’est pas mal du tout, peut être plus proche de ce qu’on trouve dans le commerce en termes de souplesse.
[…] c’est la saison de la flanelle à carreaux ! Aviez-vous remarqué d’ailleurs que le buffalo plaid est essentiellement le jumeau maléfique du vichy ? Buffalo plaid blanc ou vichy noir, c’est […]